Georges42 Admin
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| Tema: Prêcher ou essayer de parler juste. Lun Sep 10, 2007 10:31 am | |
| André Lendger
Prêcher ou essayer de parler juste
P. Joseph Proux
Paris, Éd. du Cerf, coll. « Épiphanie », 2002. – (13,5x19,5), 144 p., 16 €.
Esprit & Vie n°63 / août 2002 - 1e quinzaine, p. 29-30.
Ce livre ne ressemble pas à un cours théorique sur la prédication. Il ne se présente pas non plus comme recueil de « recettes » pour bien prêcher. Il s’apparente plutôt à un témoignage, celui d’un « praticien » de l’homélie visiblement heureux de partager son expérience.
Cette expérience est d’abord la mise en œuvre de convictions, celles d’un dominicain, d’un frère prêcheur, qui prend au sérieux sa vocation. Sa conviction initiale, véritable colonne vertébrale du livre, est que la prédication, « art difficile », doit être un « parler juste » au sens où elle doit « s’ajuster » à des impératifs qui paraissent fondamentaux à l’auteur.
Le premier de ces impératifs s’exprime à travers la « nécessité absolue d’évangéliser » dont témoigne l’apôtre Paul. À ce sujet, l’auteur souligne fort à propos que l’homélie, acte liturgique et partie intégrante de la célébration eucharistique, est une des formes de la prédication au sens large. De ce point de vue, l’annonce de l’Évangile n’est pas réservée aux prêtres : « Le simple fait d’être croyant et de vivre en croyant est une prédication ! »
L’essentiel pour le prédicateur n’est pas de faire passer une idée, mais de transmettre une foi. Il s’agit en effet, dans la prédication, de parler d’un Autre, ou plutôt, de dire la parole d’un Autre, de dire à un moment donné la parole que Jésus aurait dite. Ce n’est pas une prétention, mais une exigence qui implique d’être, avec humilité et courage, prophète, « porte-parole », avec tout ce que cela peut avoir de dérangeant et de risqué. De cette exigence découle la nécessité de se laisser approprier par la Parole, avant de se la réapproprier.
Les autres impératifs auxquels le prédicateur doit « ajuster » sa parole s’articulent autour des trois axes de développement de l’ouvrage, lesquels sont les trois grandes composantes de tout acte de prédication :
a. Le rapport à Dieu dans sa Parole. Sur ce point, l’auteur insiste sur la nécessité d’être « disciple », de se laisser enseigner, de recevoir la Parole de Dieu comme un don toujours nouveau. C’est à ce prix qu’il pourra tirer du trésor de l’Écriture « du vieux et du neuf », puisqu’il s’agit d’actualiser la Parole de Dieu. L’Écriture a en effet besoin d’une Parole… orale pour aujourd’hui. Cela suppose que le prédicateur investisse dans le travail, la lecture et l’étude de la Bible.
b. Le rapport aux fidèles qui sont les auditeurs. Ils ne sont jamais une foule anonyme qui se satisferait d’un discours passe-partout. Le prédicateur doit en quelque sorte s’acculturer, ce qui n’exclut pas qu’il garde cependant une certaine distance pour ne pas se laisser piéger et être complice, s’il faillit à sa mission de prophète. Car, « à ne pas vouloir déranger l’auditoire, on le trompe, et à lui dire ce qu’il souhaite entendre, on l’endort ! ». La prédication est un dialogue, pas un monologue. Elle est proximité avec les membres de l’assemblée qui souffrent et peinent ; elle est main tendue, porteuse d’espérance, expression de la tendresse de Dieu.
c. Le rapport au prédicateur lui-même. Il s’engage personnellement, avec sa voix, son corps, ses yeux, son visage, ses gestes. La Parole le traverse et l’interpelle. Elle le solidarise avec les pécheurs et avec les sanctifiés.
Écrit dans un style alerte et agréable, ce livre se révèle passionnant à lire. Il se savoure, avec son goût d’authenticité et de passion de l’annonce de la Parole. Il est un essai « d’écrire juste » fort réussi !Pris de Esprit et Vie | |
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